Denis Labayle est un homme en colère. Médecin gastro-entérologue, chef de service, pendant vingt cinq ans, dans un hôpital public de la région parisienne, il a été quotidiennement au contact de patients en fin de vie et, comme une majorité de confrères, les a aidés à mourir, répondant à leur demande et à celle de leurs proches.
Il n'a pas agi en « militant de l'euthanasie » mais en médecin obéissant au devoir de compassion. Dans ce livre, l'auteur dénonce d'abord une scandaleuse torsion des mots. Euthanasie devient, trop souvent, assassinat ou suicide. Denis Labayle récuse la distinction spécieuse entre euthanasie « passive » ou « active ». Évoquant ses propres gestes et son expérience, il remet les termes sur leurs rails.
Il dénonce ensuite ce que recouvre le prétendu dogme du « respect de la vie », l'effroyable abandon thérapeutique et social dans lequel sont laissés tant de patients, la schizophrénie des autorités médicales, le décalage vertigineux entre des lois surannées et la pratique quotidienne des services hospitaliers. Sont dénoncés encore les bons apôtres. Ceux qui oublient la médiocre prise en charge de la douleur. Ceux qui récusent l'idée d'un « testament de vie » dans lequel chacun consignerait ses volontés. L'euthanasie bien comprise, explique l'auteur, l'ultime liberté, c'est aussi une manière de re-socialiser la mort.